Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/474

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hommes qui se développent et qui, en se développant, développent naturellement aussi leur penser.

En résumé, le critique n’est pas encore propriétaire, parce qu’il combat encore dans les idées des étrangères puissantes, exactement comme le Chrétien n’est pas propriétaire de ses » mauvais désirs » aussi longtemps qu’il a à s’en défendre : pour celui qui combat le vice, le vice existe.

La critique reste embourbée dans la « liberté de l’entendement », dans la liberté de l’esprit ; et l’esprit gagne vraiment sa liberté lorsqu’il s’emplit de la pure, de la vraie idée ; telle est la liberté de penser, qui ne peut être sans pensées.

La critique ne fait qu’abattre une idée par une autre, par exemple celle du privilège par celle de l’humanité, ou celle de l’égoïsme par celle du désintéressement.

En somme, c’est le commencement du Christianisme qui reparaît à sa fin dans la critique, car ici comme là l’ « égoïsme » est l’ennemi. Ce n’est Moi, l’unique, mais l’idée, le général, que je dois mettre en valeur.

La guerre du clergé contre l’égoïsme et des spirituels contre les mondains forme tout le contenu de l’histoire chrétienne. Dans la critique contemporaine, cette guerre ne fait que s’universaliser, et le fanatisme se complète. Il faut bien qu’il vive et qu’il exhale sa rage avant de disparaître.


Que m’importe que ce que je pense et ce que je fais soit chrétien, que ce soit humain on inhumain, libéral ou illibéral du moment que cela mène au but que je poursuis, du moment que cela me satisfait, c’est bien. Accablez-le de tous les prédicats qu’il vous plaira, je m’en moque.

Il se peut que moi aussi je rompe avec les pensées que j’ai eues il n’y a qu’un instant, et il se peut que