Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/485

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d’État, ou pour, par le mariage, donner une existence comme époux et père à l’idée de Famille ? Que me veut cette vocation ? Je ne vis pas plus d’après une vocation que la fleur ne s’épanouit et n’exhale son parfum par devoir.

L’idéal « Homme » est réalisé lorsque la conception chrétienne se transforme et devient « Moi, cet Unique, je suis l’Homme ». La question : « Qu’est-ce que l’Homme ? » devient alors : « Qui est l’Homme ? » et c’est à Toi de répondre : « Qu’est-ce que » visait le concept à réaliser ; commençant par « qui est », la question n’en est plus une, car la réponse est personnellement présente dans celui qui interroge : la question est sa propre réponse.

On dit de Dieu : « Les noms ne le nomment pas. » Cela est également juste de Moi : aucun concept ne m’exprime, rien de ce qu’on donne comme mon essence ne m’épuise, ce ne sont que des noms. On dit encore de Dieu qu’il est parfait et n’a nulle vocation de tendre vers une perfection. Et Moi ?

Je suis le propriétaire de ma puissance, et je le suis quand je me sais Unique. Dans l’Unique, le possesseur retourne au Rien créateur dont il est sorti. Tout Être supérieur à Moi, que ce soit Dieu ou que ce soit l’Homme, faiblit devant le sentiment de mon unicité et pâlit au soleil de cette conscience.

Si je base ma cause sur Moi, l’Unique, elle repose sur son créateur éphémère et périssable qui se dévore lui-même, et je puis dire :

Je n’ai basé ma cause sur Rien.