Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/72

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la dernière convulsion de l’esprit chrétien altéré d’au-delà ? Le Héros ne tente pas d’escalader le Ciel, mais de l’attirer à lui, de le forcer à devenir terrestre ! Et que crie le monde entier depuis ce jour-là ? Qu’appellent ses vœux plus ou moins conscients ? Qu’il vienne, « cet au-delà », que le ciel descende sur la terre, qu’il s’ouvre dès maintenant à nous !

À la doctrine théologique de Feuerbach, opposons en quelques mots les objections qu’elle nous suggère : « L’être de l’homme est pour l’homme l’être suprême. Cet être suprême, la religion l’appelle Dieu et en fait un être objectif ; mais il n’est, en réalité, que le propre être de l’homme ; et nous sommes à un tournant de l’histoire du monde, parce que désormais pour l’homme ce n’est plus Dieu, mais l’Homme qui incarne la divinité . »

À cela, nous répondons : l’Être suprême est l’être ou l’essence de l’homme, je vous l’accorde ; mais c’est précisément parce que cette essence suprême est « son essence » et non « lui » qu’il est totalement indifférent que nous la voyions hors de lui et en fassions « Dieu », ou que nous la voyions en lui et en fassions l’ « Essence de l’homme » ou l’ « Homme ». Je ne suis ni Dieu ni Homme, je ne suis ni l’essence suprême ni mon essence, et c’est au fond tout un que je conçoive l’essence en moi ou hors de moi. Bien plus, toujours l’essence suprême a été conçue dans ce double au-delà, au-delà intérieur et au-delà extérieur ; car, d’après la doctrine chrétienne, « l’esprit de Dieu » est aussi « notre esprit » et « habite en nous  » Il habite le ciel et habite en nous, nous ne sommes que sa « demeure ». Si Feuerbach détruit sa demeure céleste et le force à venir s’installer chez nous avec