Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/78

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être supérieur. Entendre uniquement par révélées les « vérités religieuses » serait absolument erroné, ce serait méconnaître complètement la valeur du concept « être supérieur ». Les athées tournent en dérision cet être supérieur auquel on a voué un culte sous le nom d’ « être suprême * », et réduisent en poussière l’une après l’autre toutes les « preuves de son existence », sans remarquer qu’eux-mêmes obéissent ainsi à leur besoin d’un être supérieur, et qu’ils ne détruisent l’ancien que pour faire place à un nouveau. À côté d’un individu humain, l’« Homme » n’est-il pas un être supérieur ? Et les Vérités, les Droits, les Idées qui découlent de son concept ne doivent-ils pas, comme révélations de ce concept, être respectés et tenus pour — sacrés ? Supposez même qu’on vienne à démontrer la fausseté de telle vérité qui passait pour une de ses manifestations : cela témoignera uniquement d’une fausse interprétation de votre part, sans causer le moindre préjudice à la notion sacrée elle-même et sans rien enlever de leur sainteté aux autres vérités, à celles qui doivent « à juste titre » être regardées comme ses révélations. L’Homme dépasse tout homme pris individuellement, et s’il est l’« essence » de l’individu, il n’est en réalité pas son essence (car l’être ou l’essence de l’individu devrait être aussi unique que l’individu même), mais une essence, un être « supérieur », et, pour les athées eux-mêmes, l’essence ou l’Être « suprêmes ».

De même que les révélations divines ne furent pas écrites de la main de Dieu, mais publiées par les « instruments du Seigneur », de même l’Homme ne publie pas lui-même ses révélations, mais nous les fait connaître par l’intermédiaire de « véritables hommes ». Seulement, ce nouvel être suprême trahit une conception bien plus spiritualisée que celle de l’ancien Dieu ; ce dernier pouvait encore être représenté