Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/80

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suprême quel qu’il soit, vous n’êtes que des — gens pieux, l’athée le plus frénétique comme le plus fervent chrétien.

Dans la sainteté vient au premier rang l’Être suprême, et avec lui notre « sainte croyance ».



LE FANTÔME

Avec les revenants nous entrons dans le royaume des esprits, dans le royaume des Êtres, des Essences.

L’être énigmatique et « incompréhensible » qui hante et trouble l’univers est le fantôme mystérieux que nous nommons être suprême. Pénétrer ce fantôme, le saisir, découvrir la réalité qui est en lui (prouver l’ « existence de Dieu ») est la tâche à laquelle les hommes se sont attelés pendant des siècles ; ils se sont ingéniés à venir à bout de cette terrible impossibilité, de cet interminable travail de Danaïdes, de changer le fantôme en un non-fantôme, l’irréel en réel, l’esprit en une personne entière et corporelle. Derrière le monde existant, ils cherchèrent la « chose en soi », l’être, l’essence ; derrière la chose, ils cherchèrent la non-chose.

Qu’on examine à fond le moindre phénomène, qu’on en recherche l’essence, et l’on y découvrira souvent tout autre chose que ce qui paraissait à première vue : une parole mielleuse et un cœur faux, un discours pompeux et des pensées mesquines, etc. Et par là même qu’on fait ressortir l’essence, on réduit l’aspect jusqu’alors mal compris à une mensongère apparence.

L’essence de ce monde superbe est, pour celui qui en scrute les profondeurs, la — vanité. Celui qui est religieux ne s’occupe point de l’apparence trompeuse, des vains phénomènes, mais recherche l’essence, et quand il tient cette essence il tient — la Vérité.

Les essences qui se manifestent sous certaines apparences sont les mauvaises essences, celles qui se