Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ciel, la tradition, l’homme même qui se borne à prendre ses sûretés contre le monde, enfin de détruire l’isolement ou la vie intérieure de l’homme. L’homme cherche, dans le ciel qu’a créé la culture de l’âme, à s’isoler du monde, à briser sa puissance hostile. Mais il faut briser également cet isolement céleste et la fin véritable de cet assaut donné au ciel, c’est sa chute, c’est son anéantissement. Améliorer, réformer, c’est le mongolisme de l’homme caucasique, car il rétablit par là ce qui existait précédemment, il rétablit ainsi une institution, une règle générale ; un ciel. Il a pour le Ciel la plus irréconciliable des haines, et cependant il bâtit chaque jour de nouveaux ciels ; entassant ciel sur ciel, il ne fait qu’écraser l’un par l’autre, le ciel des Juifs détruit celui des Grecs, le ciel des chrétiens celui des Juifs, le ciel des protestants celui des catholiques, etc., que les hommes de sang caucasique qui s’attaquent au ciel dépouillent la peau du Mongol, ils enseveliront alors l’homme de l’âme sous les ruines énormes du monde de l’âme, l’homme isolé sous son monde isolé, l’homme qui bâtit des ciels, sous son propre ciel. Et le ciel est le royaume des esprits, c’est le règne de la liberté de l’esprit.

Le royaume du ciel, le royaume des esprits et des fantômes a trouvé dans la philosophie spéculative une organisation toute faite. Il y est devenu le royaume des pensées, des concepts et des idées, et ce « royaume des esprits » est alors la réalité vraie.

Vouloir procurer à l’esprit la liberté est du mongolisme, la liberté de l’esprit est une liberté mongolique, elle est liberté de l’âme, liberté morale, etc…

On prend le mot « morale » comme équivalent de