Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/123

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a un intérêt personnel à faire une bonne vente et si sa femme ou quelqu’un d’autre partage son désir, la chose n’en reste pas moins un intérêt personnel. Au contraire qu’un voleur lui enlève son panier, alors surgit aussitôt l’intérêt de plusieurs, de toute la ville, de tout le pays, en un mot de tous ceux qui ont horreur du vol : intérêt où la personne du marchand de harengs est indifférente, et à sa place arrive au premier plan, la catégorie du « volé ». Mais ici encore tout peut se ramener à un intérêt personnel, chacun de ceux qui manifestent leur sympathie réfléchit qu’il doit aider au châtiment du vol, parce qu’autrement le vil impuni peut être généralisé et étendu à son propre bien. Il est difficile cependant de supposer un pareil calcul chez le plus grand nombre et l’on entendra plutôt déclarer : que le voleur est un « criminel ». Ainsi nous avons là un jugement devant nous, par ce fait que l’action du vol trouve son expression dans l’idée de « crime ». Maintenant, voici comment se présente la chose : si un crime ne porte pas le moindre dommage à moi ou à ceux à qui je m’intéresse, je m’indignerai cependant de ce crime. Pourquoi ? Je poursuis ce qui est hostile à la morale parce que je suis inspiré par elle, parce que je suis plein de son idée. C’est parce que le vol lui paraît foncièrement abominable que Proudhon avec sa proposition « la propriété c’est le vol » croit avoir flétri celle-ci à jamais. Au sens prêtre c’est un crime, tout au moins un délit.

Ici disparaît l’intérêt personnel. Cette personne déterminée qui a volé le panier est à ma personne complètement indifférente, ce n’est qu’au voleur, qu’à cette idée dont la personne en question est un spécimen, que je prends intérêt. Le voleur et l’homme sont dans mon