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3. — LES HOMMES LIBRES


On a présenté précédemment deux phases du développement humain, les anciens et les modernes ; on pouvait penser qu’une troisième catégorie indépendante et à part des autres allait suivre, celle des hommes libres. Il n’en est pas ainsi. Les hommes libres sont seulement plus modernes, les plus nouveaux parmi les « nouveaux » et ils ne forment une division particulière que parce qu’ils appartiennent au présent et que le présent revendique avant tout notre attention. Je ne donne l’homme libre que comme une traduction du libéral, mais, en ce qui concerne le concept de liberté et maint autre que je ne puis éviter de produire prématurément, je renvoie aux discussions ultérieures.


§ 1er. — Le libéralisme politique.


Quand, au xviiie siècle, on eut vidé jusqu’à la lie, le calice de la soi-disant royauté absolue, on s’aperçut trop bien que le breuvage qu’il contenait n’avait pas goût humain, pour ne pas jeter des regards de convoitise sur une autre coupe. Nos pères étaient des « hommes » et ils finirent par désirer être pris pour tels.

Celui qui voit en nous autre chose que des hommes n’est pas non plus homme pour nous, nous le considérons et le traitons comme une créature inhumaine, au contraire celui qui nous reconnaît homme et nous garde du danger d’être traités inhumainement, nous