Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/163

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libertés du libéralisme qui ne combat la contrainte de la censure que comme celle de l’arbitraire personnel, tandis qu’elle se montre extrêmement encline à exercer la tyrannie par « des lois de presse », en d’autres termes c’est pour eux-mêmes que les libéraux bourgeois veulent la liberté d’écrire ; car comme ils sont avec la loi, leurs écrits ne les feront pas tomber sous le coup de la loi. On ne peut imprimer que ce qui est libéral, c’est-à-dire légal ; autrement les lois, les « pénalités de presse » vous menacent. La liberté personnelle paraît assurée, et l’on ne remarque pas, quand une certaine limite est dépassée, que c’est le règne de la plus criante des servitudes. Certes nous sommes affranchis des ordres et personne n’a plus rien à nous commander, mais nous sommes devenus d’autant plus soumis à la loi. Nous sommes maintenant esclaves selon toutes les formes du Droit.

Dans l’État bourgeois il n’y a que des « hommes libres » esclaves de mille contraintes. (Ex. la confession d’une foi, le respect, etc.) Mais qu’est-ce que cela fait ! c’est seulement l’État, la loi qui contraint, ce n’est pas un homme quelconque !

Que veut la bourgeoisie quand elle se révolte contre tout ordre personnel, c’est-à-dire contre tout ordre qui n’est pas fondé sur la « cause », sur la « raison », etc. ? Elle ne combat ici que dans l’intérêt de la « cause » contre la domination « des personnes » ! Mais tout ce qui est raisonnable, bon, légal, etc. est « cause » de l’esprit. C’est la « bonne cause ». La bourgeoisie veut une domination impersonnelle.

Si l’on accepte ce principe que seule la cause doit commander l’homme, la cause de la morale, de la légalité, etc., il faut aussi qu’en aucune façon l’amoin-