Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/165

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quand il arrive à la réflexion ; il ne se précipite tumultueusement en avant dans l’action originelle que tant qu’il est une ivresse, une action irréfléchie. « Réflexion » est le mot sacramentel de la réaction, parce que la réflexion pose des limites et délivre de la licence et de l’indiscipline initiales, ce qui est l’objet même de sa recherche, le principe. D’impétueux compagnons, des étudiants ferrailleurs qui perdent de vue toute considération, sont proprement des philistins, car chez eux comme chez les autres, les considérations forment le fond de toute leur conduite ; comme étudiants rodomonts, ils les nient et s’insurgent contre elles ; plus tard, devenus philistins, ils les affirment et s’y soumettent. Toute leur pensée, toute leur action, dans les deux cas, tourne uniquement autour de « considérations », mais le Philistin en face du compagnon est réactionnaire, c’est l’étudiant turbulent venu à la réflexion, de même que celui-ci n’est qu’un philistin irréfléchi. L’expérience de tous les jours constate la vérité de ce retour et montre que les fiers-à-bras deviennent philistins en vieillissant.

Il en est ainsi de ce qu’on appelle la réaction en Allemagne, qui ne fut pas autre chose que la continuation réfléchie des transports belliqueux de la liberté.

La Révolution ne fut pas dirigée contre l’ordre des choses, mais contre un état de choses déterminé. Elle abolit tel souverain, non le souverain, jamais au contraire les Français ne furent plus impitoyablement dominés ; elle tua le vieux vice, mais voulut réserver à la vertu une situation sûre, c’est-à-dire qu’elle se contenta de remplacer le vice par la vertu (vice et vertu se distinguent l’un de l’autre