Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/174

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libre de la domination personnelle, libre du Seigneur : assurance de chaque personne prise individuellement contre toutes les autres, liberté personnelle.

Personne n’a à commander, la loi seule commande.

Mais si les personnes sont devenues égales, il n’en est pas de même de leurs propriétés. Et pourtant le pauvre a besoin du riche, le riche du pauvre ; celui-ci a besoin de l’argent du riche, celui-là a besoin du travail du pauvre. Ainsi aucun ne recherche en l’autre la personne, mais le donneur, celui qui a quelque chose à donner, le propriétaire, le possesseur. Ce qui fait l’homme, c’est ce qu’il a. Or, en propriété, en « avoir », les hommes sont inégaux entre eux.

En conséquence, conclut le libéralisme social, personne ne doit avoir, de même que dans le libéralisme politique personne ne devait commander, ici c’est à l’État seul que revient le commandement, là c’est à la société seule que revient la propriété.

L’État en protégeant la personne et la propriété d’un chacun contre l’autre, les sépare l’un de l’autre : chacun est pour soi-même sa part, chacun a pour soi sa part. Celui à qui suffit ce qu’il est et ce qu’il a, trouve son compte à cet état de choses, mais celui qui voudrait avoir plus cherche des yeux ce plus et le trouve au pouvoir d’autres personnes. Il tombe ici sur une contradiction : en tant que personne nul n’est inférieur à un autre et cependant une personne a ce que l’autre n’a pas mais voudrait avoir. Ainsi, conclut-il, telle personne est pourtant plus que telle autre, car celle-ci a ce dont elle a besoin, celle-là ne l’a pas ; celle-ci est riche, celle-là est pauvre.

Mais, continue-t-il, devons-nous laisser revivre ce que nous avons justement enterré, devons-nous laisser ré-