Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/204

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La gueuserie s’achève dans le libéralisme humain. Il nous faut d’abord nous ravaler à la pire gueuserie, à la pleine misère, si nous voulons atteindre à ce qui est le propre de l’homme, car il nous faut nous débarrasser de tout ce qui nous est étranger. Or rien ne paraît plus gueux que l’Homme dans sa nudité.

Pourtant je dépasse encore la gueuserie quand je rejette aussi l’homme parce que je sens qu’il m’est étranger et que je ne puis rien m’en imaginer. Ce n’est plus seulement pure gueuserie, car le dernier haillon étant tombé, il reste la nudité vraie, dépouillée de tout ce qui lui est étranger. Le gueux a lui-même dépouillé sa gueuserie et par là cesse d’être ce qu’il était, un gueux.

Je ne suis plus gueux, mais je l’ai été.




Jusqu’ici la dispute ne pouvait aller jusqu’à la rupture, parce qu’en réalité il n’y a combat qu’entre les néo et les vieux-libéraux, entre ceux qui comprennent la liberté « dans une certaine mesure » et ceux qui veulent la « pleine mesure » de la liberté, les modérés et les radicaux. Tout tourne autour de la question : jusqu’à quel point l’homme doit-il être libre ? que l’homme doive être libre, c’est la foi de tous ; c’est pourquoi aussi tous sont libéraux. Mais l’Inhumain qui est ancré au fonds de tout individu comment lui fait-on obstacle ? Comment peut-on admettre qu’il ne faille pas laisser le non-homme libre simultanément avec l’homme ?

Le libéralisme a un ennemi mortel, un invincible contraire, comme Dieu a le Diable ; à côté de