Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/208

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ser, de me faire valoir. Si la crique m’offre cette occasion en m’enseignant que si quelque chose se fixe en moi et devient indestructible, j’en deviens moi le prisonnier et le valet, c’est-à-dire, j’en suis possédé. Un intérêt, qu’il s’attache à ce qu’on voudra, si je ne peux m’en détacher m’a comme esclave, et n’est plus ma propriété ; c’est moi qui suis la sienne. Admettons par suite l’enseignement de la critique : ne laisser aucune parcelle de notre propriété prendre de la stabilité et ne nous trouver à notre aise que dans la décomposition.

La critique dit ainsi : Tu n’es homme qu’autant que tu critiques et que tu décomposes infatigablement ! Nous disons nous : Je suis homme sans cela et je suis aussi moi, c’est pourquoi je ne veux apporter mes soins qu’à assurer ma propriété et, pour l’assurer, je la ramène constamment à moi, j’anéantis en elle toute velléité d’indépendance et je l’absorbe avant qu’elle puisse se fixer, devenir une « idée fixe » ou « une maladie ».

Je fais cela non pas pour obéir à une « mission humaine, » mais parce que « je m’en donne la mission ». Je ne me vante pas de résoudre tout ce qui est possible à un homme de résoudre, et par exemple, tant que je n’ai pas atteint dix ans, je ne m’avise pas de critiquer la stupidité des choses que l’on me commande, mais cependant je suis homme et j’agis humainement en les laissant encore incritiquées. Bref, je n’ai aucune mission et je n’en sais aucune, pas même la mission d’être homme.

Dois-je montrer maintenant ce que le libéralisme dans ses divers efforts a atteint ? Certes aucun des résultats acquis n’est perdu ! Seulement l’homme étant désormais libre par le libéralisme, je tourne mes re-