Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/249

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ne pourra vaincre[1]. Mais comme le libéralisme est religion humaine, celui qui confesse cette religion se montre tolérant envers le confesseur de toute autre (catholique, juive, etc.), comme faisait Frédéric à l’égard de quiconque accomplissait ses devoirs de sujet, à quelque genre de béatitude qu’il se rattachât. Cette religion doit être élevée maintenant au rang de culte public et être distincte des autres qui sont « pures niaiseries d’ordre privé » à l’égard desquelles, en raison de leur insignifiance, on pratique le libéralisme le plus large.

On peut la nommer la religion de l’État, la religion de « l’État libre », non pas, dans le sens admis jusqu’ici, qu’elle soit préférée ou privilégiée de l’État, mais comme une religion que « l’État libre » est autorisé, bien plus, astreint à exiger de chacun des siens, qu’il soit dans le privé, juif, chrétien ou ce qu’on voudra. Elle rend à l’État le même service que la piété filiale à la famille. Pour que la famille soit reconnue et maintenue par chacun des siens dans toute son intégrité, il faut que le lien du sang soit sacré et que le sentiment d’un quelconque de ses membres soit celui de la piété, du respect pour les liens du sang, de telle sorte que tous ceux qui tiennent à lui par le sang lui soient sacrés. Ainsi, pour tout membre de la communauté de l’État, cette communauté doit être sacrée et l’idée qui, pour l’État, est l’idée suprême, doit l’être aussi pour le membre.

Mais quelle est pour l’État la conception la plus haute ? Être une société réellement humaine en laquelle peut être accueilli comme membre quiconque est réellement homme, c’est-à-dire n’est pas Inhumain. Si

  1. B. Bauer Iudenfrage, S. 61.