Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/300

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ciliable de toute généralité, de tout lien, c’est-à-dire de toute chaîne. Cependant on s’est imaginé jusqu’aujourd’hui que l’homme avait besoin de liens sacrés, lui, l’ennemi juré de toute attache. L’histoire du monde montre qu’il n’y a pas encore eu de lien qui n’ait été arraché, que l’homme rejette infatigablement toutes les entraves ; et cependant toujours et toujours on en imagine de nouvelles et vous croyez en avoir trouvé une convenable en lui imposant une soi-disant constitution libre, une solide chaîne constitutionnelle. Les cordons, les décorations, etc. paraissent quelque peu usés, mais on n’a pas été plus loin que de changer les lisières pour des bretelles et des cravates.

Tout ce qui est sacré est un lien, une chaîne.

Tout ce qui est sacré est et doit être dénaturé par les chicaneurs ; c’est pourquoi notre époque a tant de gens de cette sorte dans toutes les sphères. Ils préparent la banqueroute du droit, l’arbitraire.

Pauvres Athéniens qu’on accuse d’ergoterie et de sophistique, pauvre Alcibiade qu’on accuse d’intrigue ! Ce fut précisément le meilleur de vous-mêmes, votre premier pas vers la liberté. Vos Eschyle, Hérodote, etc. voulaient seulement faire de vous un peuple libre ; vous seuls avez eu quelque pressentiment de votre liberté.

Un peuple réprime ceux qui veulent s’élever au-dessus de sa majesté, par l’ostracisme contre les citoyens supérieurs, par l’inquisition contre les hérétiques de l’Église, par l’inquisition contre les criminels de haute trahison dans l’État, etc.

Car ce qu’il importe au peuple c’est de s’affirmer ; il exige de chacun « le sacrifice patriotique ». Par conséquent, pour lui, chacun en soi est chose indifférente,