Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/345

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propriété dont nous sommes aujourd’hui frustrés, n’est venue que par ce moyen entre les mains des propriétaires. Il est d’un plus grand profit qu’elle soit dans les mains de nous tous, au lieu que ce soient seulement ces quelques-uns qui en disposent. Associons-nous par suite en vue de ce vol. — Au lieu de cela il s’amuse à nous montrer que la société est le possesseur originel et qu’elle est seule propriétaire de droits imprescriptibles. C’est à son préjudice que le soi-disant propriétaire est devenu voleur (la propriété c’est le vol) ; si maintenant elle retire au propriétaire actuel sa propriété, elle ne lui vole rien, elle se borne à faire valoir son droit imprescriptible. — Voilà jusqu’où l’on va avec le fantôme d’une société considérée comme personne morale. Au contraire, ce que l’homme peut désirer lui appartient : le monde m’appartient. Dites-vous autre chose avec la proposition inverse : « Le monde appartient à tous ? » Tous, c’est moi et encore moi etc… Mais vous faites de « tous » un fantôme, vous le faites sacré, de sorte que les « tous » deviennent le terrible maître de l’individu. À vos côtés alors vient se placer le fantôme du « droit ».

Proudhon et les communistes combattent l’égoïsme. Ils sont, par suite, la conséquence et la continuation du principe chrétien, du principe de l’amour, du sacrifice pour un être général, pour un être étranger. Par exemple, ils n’achèvent dans la propriété que ce qui existe depuis longtemps en fait, la dépossession de l’individu. Quand la loi dit : Ad reges potestas omnium pertinet, ad singulos proprietas ; omnia rex imperio possidet, singuli dominio, cela veut dire : le roi est propriétaire car il peut user et disposer de « tout », il a sur les choses potestas et imperium. Les communistes le disent plus