Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/366

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n’a. Comment pouvait-il montrer de l’estime quand il n’en avait pas, quand d’ailleurs il n’en pouvait guère avoir pour une telle canaille !

Vous vous comportez en égoïstes quand vous ne vous considérez les uns les autres ni comme possédants, ni comme gueux, ni comme travailleurs, mais comme une partie de vos moyens, comme « sujets utilisables ». Alors vous ne donnez ni au possédant (propriétaire) pour ce qu’il possède, ni à celui qui travaille, mais seulement à celui dont vous avez besoin. Avons-nous besoin d’un roi ? se demandent les Américains, et ils répondent : lui et son travail ne valent pas pour nous un liard.

On dit : la concurrence ouvre tout à tous ; l’expression n’est pas exacte et il vaut mieux dire : elle fait que tout s’achète. En mettant toute chose à prix, elle l’abandonne à l’estimation et en exige un prix.

Seulement ceux qui convoitent d’acheter sont privés, la plupart du temps, des moyens d’acheter ; ils n’ont pas d’argent. Ainsi les choses vénales ne peuvent être obtenues que contre argent (« on a tout pour de l’argent »), mais précisément l’argent manque. D’où tirer cette propriété circulante ? Sache donc que tu as autant d’argent que tu as de force, car tu vaux autant que tu te donnes de valeur.

Nous ne payons pas avec de l’argent qui peut venir à manquer, mais avec nos moyens qui seuls nous donnent la fortune ; car nous ne sommes propriétaires que jusqu’où notre bras peut atteindre.

Weitling a imaginé une nouvelle valeur d’échange, le travail. Mais la vraie valeur d’échange reste toujours comme avant, la fortune, les moyens. Tu paies avec tes moyens. Par conséquent cherche à les accroître.