Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/375

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que l’État donne la loi et que, de ce fait, tous les valets de ferme soient d’intelligence, pourra-t-il supporter cela ?

Dans un cas isolé, — oui ; seulement le cas isolé est plus que cela en lui-même, il contient en lui la question de principe, il s’agit là de toute la conception de la mise en valeur du moi, et par suite du sentiment personnel en face de l’État. Les communistes vont jusque-là, mais la mise en valeur du moi se dresse nécessairement non seulement contre l’État, mais encore contre la société, et va par delà le communisme et le régime communistique pour atteindre à l’égoïsme.

Le communisme fait de ce principe de la bourgeoisie que chacun doit être possédant (« propriétaire »), une vérité inébranlable, une réalité ; on n’a plus le souci d’acquérir et chacun a de naissance ce dont il a besoin. L’homme a sa fortune dans sa force de travail, et s’il n’en fait pas usage, c’est sa faute. La poursuite acharnée du gain prend fin, la concurrence ne reste plus sans résultat comme c’est aujourd’hui le cas si fréquent, parce que tout nouvel effort apporte à la maison un surcroît de bien-être. Maintenant seulement l’homme est véritablement propriétaire, parce que ce qu’il a dans sa force de travail ne peut plus lui échapper comme il en était menacé à tout instant dans le régime de la concurrence. On est propriétaire sans souci et assuré. Et cela parce qu’on ne cherche plus sa fortune dans une denrée, mais dans son propre travail, dans sa capacité de travail, en d’autres termes, parce que l’on est un gueux, un homme qui ne possède que des richesses idéales. — Moi pourtant, je ne me contente pas du peu que je gagne péniblement par mes moyens de travail, parce que mes moyens ne consistent pas uniquement dans mon travail.