Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/393

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qu’appartient la liberté de s’exprimer. Mais il n’a pas « le droit ». Cette liberté n’est assurément pas « son droit sacré ». Il a seulement la force ; mais la force seule l’en fait propriétaire. Je n’ai aucunement besoin de la concession, de l’assentiment du peuple, d’un « droit », d’une « autorisation » pour jouir de cette liberté. Je dois donc m’en emparer comme de toute liberté ; le peuple « qui est seul juge » ne peut me la donner. Il peut y acquiescer ou s’y opposer, il n’est pas en son pouvoir de me l’accorder, de me la garantir. Je la pratique malgré le peuple, simplement comme individu, c’est-à-dire que je l’obtiens de haute lutte sur le peuple mon ennemi. Je ne la conserve que si je la gagne véritablement sur lui, si je m’en empare. Mais je la prends, parce qu’elle est ma propriété.

Sander qui combat E. Bauer revendique la liberté de la presse « comme le droit et la faculté du citoyen dans l’État ». E. Bauer fait-il autre chose ? Pour lui aussi elle n’est qu’un droit du citoyen libre.

On réclame encore la liberté de la presse comme un « droit commun à tous les hommes ». À cela on fait l’objection fondée que tout homme ne sait pas s’en servir convenablement, parce que chaque individu n’est pas véritablement Homme. À l’Homme en tant qu’Homme, un gouvernement n’a jamais refusé une liberté ; mais l’Homme n’écrit pas, parce qu’il est un fantôme. Aux individus seuls il l’a constamment refusée et l’a donné à d’autres, par exemple à ses propres organes. Ainsi si l’on voulait avoir la liberté pour tous, on devrait précisément affirmer qu’elle convient à l’individu, à moi, non à l’Homme ou à l’individu en tant qu’il est Homme. D’ailleurs un autre être que l’Homme (une bête par exemple) n’en peut faire aucun usage. Le gouvernement