Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/40

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pas la férule paternelle que nous craignons, mais la conscience.

Nous « dépendons de nos pensées » et nous suivons leurs commandements comme antérieurement nous suivions les commandements des hommes, de nos parents. Nos actions se règlent sur nos pensées (idées, notions, croyances) comme dans l’enfance sur les ordres des parents. Pourtant, enfants, nous avons déjà pensé, mais nos pensées n’étaient pas immatérielles, abstraites, absolues, autrement dit, rien que pensées, pensées logiques, en soi-même un ciel, un pur monde de pensées.

Au contraire, c’étaient seulement des pensées que nous nous faisons d’une chose ; nous pensions la chose telle et telle. Ainsi nous pensions : le monde que nous voyons, c’est Dieu qui l’a fait, mais nous ne pensions pas, nous ne « scrutions » pas « les profondeurs de la divinité même ». Nous pensions bien : « Voilà le vrai de la chose », mais nous ne pensions pas le vrai ou la vérité même et n’imposions pas la proposition « Dieu est la vérité ». Nous ne touchions pas aux « profondeurs de la divinité qui est vérité ». « Qu’est-ce que la vérité ? ». À une pareille question, purement logique, c’est-à-dire théologique, Pilate ne s’arrête pas, quoiqu’il n’hésite pas, dans un cas particulier, à dire « ce qu’il y a de vrai dans la cause » ou autrement à dire si la cause est vraie.

Toute pensée liée à une cause n’est pas encore pensée absolue, rien que pensée.

Mettre au jour la pensée pure ou y adhérer est une joie de la jeunesse, et toutes les apparitions du monde de la pensée comme la vérité, la liberté, l’humanité, l’homme, etc., illuminent et enthousiasment l’âme juvénile.