Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/408

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devoir sacré de « mettre en garde l’homme du peuple contre les mauvais livres ».

Mais ce n’est pas par amour de vous, pas même par amour de la vérité, que j’exprime ce que je pense. Non :


Je chante comme l’oiseau chante
Qui a dans les branches sa demeure
Le chant qui sort de sa gorge
Est la récompense dont il se contente.


Je chante, parce ce que je suis chanteur. Si je me sers de vous, c’est que j’ai besoin d’oreilles.

Quand je trouve le monde sur ma route, — et je le trouve partout — je le dévore pour apaiser la faim de mon égoïsme. Tu n’es pour moi que mon aliment, bien que moi aussi, je sois usé et consommé par toi. Nous n’avons l’un pour l’autre qu’un rapport, celui d’utilité, de profit, d’avantage. Nous ne nous devons rien l’un à l’autre, car ce que je parais te devoir, c’est tout au plus si je le dois à moi-même. Si je te montre une mine gaie pour t’égayer, c’est que j’ai un intérêt à ta gaieté et c’est pour satisfaire à mon désir que je te fais bon visage ; mais je ne le fais pas à mille autres que je n’ai pas l’intention d’égayer.




L’homme doit être élevé à cet amour qui se fonde sur « l’essence de l’homme » ou qui, dans la période cléricale et morale, plane au-dessus de nous comme un « commandement ». Il faut ici tout au moins examiner d’un œil égoïste de quelle façon l’influence morale, l’ingrédient principal de notre éducation cherche à régler le commerce des hommes.