Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/413

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de pieux croyants et qu’ils sont livrés aux maléfices du diable ? Ainsi un avare n’est pas un maître mais un valet et il ne peut rien faire pour soi-même sans le faire en même temps pour son maître — précisément comme le dévot.

Le parjure de François Ier envers Charles Quint est célèbre. Ce n’est pas plus tard, en faisant un examen plus sérieux de sa promesse, mais sur-le-champ, au moment même où il donnait sa parole, qu’il la reprit en pensée, appuyant son acte d’une protestation authentique écrite, signée en présence de ses conseillers. Il accomplit un parjure prémédité. François se montra disposé à acheter sa libération, mais le prix qu’y mit Charles lui parut trop élevé et trop peu équitable. Si Charles fit preuve de rapacité en cherchant à tirer de son prisonnier tout ce qu’il pouvait, François agit en gueux en voulant obtenir sa liberté au prix d’une rançon inférieure, et ses actions ultérieures, où l’on retrouve encore un parjure, prouve suffisamment combien l’esprit de lucre le dominait et faisait de lui un menteur misérable. Pourtant qu’avons-nous à dire en reproche ? Simplement ceci, que ce n’est pas son parjure qui fit sa honte, mais sa gueuserie, et qu’il ne mérite pas le mépris pour n’avoir pas tenu sa parole, mais qu’il se rendit coupable de parjure parce qu’il était un homme méprisable. Considéré en lui-même, son acte demande à être jugé autrement. On pourrait dire que François ne répondit pas à la confiance que Charles lui accordait en le libérant ; seulement si Charles avait réellement eu confiance en lui, il lui aurait dit le prix qu’il mettait à sa libération, puis il l’aurait mis en liberté et eût attendu que François payât sa rançon. Charles n’avait pas une telle confiance, mais il croyait