Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/434

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un bouleversement de circonstances, mais n’en part pas, elle a son origine dans le mécontentement des hommes envers eux-mêmes, ce n’est pas une levée de boucliers mais une levée, une montée d’individus, sans considération pour les institutions qui en sortent. La révolution avait pour but une nouvelle organisation, la révolte nous amène à ne plus nous laisser organiser, mais à nous organiser nous-mêmes et ne place pas son espérance dans les « institutions ». La révolte est un combat contre l’ordre établi, si elle triomphe, l’ordre établi s’écroule ; elle n’est que le travail qui fait surgir mon moi de l’état de choses existant. Dès que j’en sors, il est mort et s’en va en décomposition. Mon objet n’est pas seulement de renverser l’ordre existant, je veux m’élever au-dessus, mon intention et mon acte ne sont ni politiques, ni sociaux, mais, étant dirigés sur moi et mon individualité, ils sont égoïstes.

La révolution nous ordonne de fonder des institutions, la révolte exige que nous nous soulevions, que nous nous élevions. « Quelle constitution choisir ? » — voilà la question qui occupa les têtes révolutionnaires et toute la période politique est émaillée de luttes et de questions constitutionnelles, tandis que les talents des socialistes se montraient d’une ingéniosité infinie à imaginer des institutions sociales (phalanstères et autres inventions du même genre). Le révolté[1] lutte pour être délivré des constitutions.

Je cherche un exemple pour donner plus de clarté à la chose et, contre toute attente, il me vient à l’esprit

  1. Pour prendre mes sûretés contre une accusation criminelle, je fais remarquer expressément que j’emploie le mot « Empörung » (soulèvement, révolte) à cause de son sens étymologique, non dans le sens limité prescrit par la loi. Stirner.