Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/471

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qu’elle ait créé l’État-raison, dont je dois ensuite m’accommoder ; das l’homme (en anthropologie) jusqu’à ce qu’elle ait trouvé « l’homme ».

Le penseur se distingue du croyant simplement parce qu’il croit beaucoup plus que ce dernier qui, de son côté, borné à sa foi (à ses articles de foi) pense infiniment moins. Le penseur a mille dogmes où le croyant s’en tire avec un petit nombre. Mais le croyant établit entre ses articles de foi un rapport et prend ce rapport comme mesure de leur validité. Si tel ou tel article ne convient pas à son affaire, il le rejette.

Les sentences des penseurs courent parallèlement à celles des croyants. Au lieu de dire : « Si cela vient de Dieu, vous ne l’anéantirez pas » on dit : « Si cela vient de la vérité, c’est vrai. » « Rendez hommage à Dieu » devient : « Rendez hommage à la vérité. »

— Il m’est bien égal que Dieu et la Vérité triomphent. Avant tout, Je veux vaincre.

Comment d’ailleurs peut-on imaginer à l’intérieur de l’État ou de la Société une « liberté illimitée » ? L’État peut bien protéger chaque individu contre les autres, mais il ne peut pas par une liberté illimitée, ce qu’on appelle une licence effrénée, se laisser mettre en danger. Ainsi dans la « liberté de l’enseignement », l’État déclare seulement ceci, c’est que chacun lui convient qui enseigne comme l’État ou plus précisément comme le pouvoir de l’État le désire. C’est de ce « comme l’État le désire » qu’il s’agit pour les concurrents. Si par exemple le clergé ne veut pas enseigner comme le demande l’État, il s’exclut de lui-même comme concurrent (voyez la France). Les limites imposées nécessairement dans l’État à toute concurrence sont nommées « la surveillance et le contrôle supérieur de l’État ». En enfermant