Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/62

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amenés en nous à la vie ; car tant que nous étions enfants, on aurait pu nous présenter les idées les plus édifiantes sans que nous eussions voulu ou pu les recréer en nous. Ainsi l’esprit n’existe que s’il crée de l’esprit, et il n’existe réellement qu’associé à ce qu’il a créé.

Comme nous le reconnaissons à ses œuvres, on demandera quelles elles sont. Mais les œuvres ou les enfants de l’esprit ne sont rien autre chose que des esprits.

Si j’avais devant moi des Juifs, des Juifs de bon aloi, je m’arrêterais ici et les laisserais en plan devant ce mystère, eux qui sont demeurés durant près de 2,000 ans incrédules et incapables de le reconnaître. Mais, mon cher lecteur, comme tu n’es pas tout au moins un Juif pur sang — car tu ne te serais pas égaré jusqu’ici — nous ferons encore un bout de route ensemble jusqu’à ce que tu me tournes le dos quand tu t’apercevras que je te ris au nez.

Si quelqu’un te disait que tu es tout esprit, tu ne le croirais pas, mais tu empoignerais ton corps et tu répondrais : Certes, j’ai un esprit, mais je n’existe pas seulement comme esprit, je suis un homme en chair et ne os. Tu ferais toujours la distinction entre Toi et « Ton esprit. » Mais celui-ci te répond : c’est ta destinée, bien que tu marches enchaîné au corps, d’être un jour un « esprit bienheureux » et quoique tu puisses te représenter l’aspect futur de cet esprit, il est cependant certain que tu dépouilleras ce corps dans la mort et pourtant tu te conserveras, c’est-à-dire conserveras ton esprit pour l’éternité ; donc ton esprit est l’éternel et le vrai en toi, ton corps n’est que ta demeure d’ici-bas que tu peux quitter et peut-être même changer pour une autre.