Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/78

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chacun de nous un être supérieur caché qui provoque notre respect réciproque. Dans le sens le plus général, en toi comme en moi vit l’homme. Si je ne voyais en toi l’homme pourquoi t’estimerais-je ? À vrai dire tu n’es pas l’homme et sa forme vraie et adéquate, mais seulement son enveloppe périssable qu’il peut quitter sans cesser d’être lui-même. Mais pour l’instant cet être général et supérieur vit en toi parce qu’un esprit impérissable a adopté en toi un corps périssable et qu’en conséquence la forme n’est en réalité qu’une forme « adoptée » ; tu me représentes un esprit qui apparaît, qui apparaît en toi sans être lié à ton corps et à cette forme déterminée d’apparition, donc un spectre. C’est pourquoi je ne te considère pas comme un être supérieur, mais je respecte cet être supérieur dont tu es « hanté ». Je respecte en toi « l’homme ». Les anciens n’avaient pas de semblables considérations devant leurs esclaves et « l’homme » était encore bien peu en faveur. Au contraire chacun d’eux voyait chez les autres des fantômes d’autre sorte. Le peuple est un être supérieur à l’individu comme l’homme à l’esprit humain, un esprit qui hante l’individu : l’esprit du peuple. Aussi honoraient-ils cet esprit et ce n’est qu’autant qu’il servait cet esprit ou un esprit en parenté avec lui, comme l’esprit de famille que l’individu prenait sa signification, c’est seulement en vue de l’être supérieur, du peuple, qu’on laissait au « membre du peuple » une valeur. De même que pour nous tu es saint par l’« homme » qui est caché en toi, de même l’homme en tout temps fut sanctifié par un être supérieur quelconque comme la nation, la famille, etc… c’est seulement pour un être supérieur que de tout temps l’homme fut vénéré, c’est seulement comme le