Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/94

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contre les saintes institutions, vous l’emprisonnez comme criminel et vous laissez aux mains d’un gredin habile son portefeuille, et d’autres choses plus importantes encore. Ainsi, dans la pratique, vous n’avez rien à me reprocher. « Mais en théorie ! » Maintenant je les place tous deux sur une même ligne comme deux pôles opposés, la ligne de la loi morale étant l’axe. Tous deux n’ont de sens que dans le monde « moral », absolument comme dans les temps antérieurs au christianisme, quand on parlait d’un Juif qui suivait la loi, ou ne la suivait pas, cela n’avait de sens et d’importance que relativement à la loi juive ; au contraire pour Christ, les pharisiens n’étaient pas plus que « les pécheurs et publicains » ; à proprement parler le pharisien moral vaut autant que le pécheur immoral.

Ce possédé de Néron fut vraiment un homme gênant. Mais un homme véritablement homme ne lui aurait pas opposé niaisement « la chose sacrée » pour se borner ensuite à gémir quand le tyran y portait atteinte, il lui aurait opposé sa volonté. Combien de fois la sainteté des droits inaliénables de l’homme ne fut-elle pas représentée aux ennemis de ces droits ? Quelle est la liberté qui n’a pas été montrée et démontrée comme étant « un droit sacré de l’homme » ? Ceux qui font cela méritent qu’on leur rie au nez ; la chose d’ailleurs leur est déjà arrivée quand, par inconscience sans doute, ils n’avaient pas pris la route expresse qui menait au but. Ils pressentent que c’est seulement quand la majorité sera acquise à cette liberté, qu’elle la voudra, et qu’alors elle prendra ce qu’elle veut avoir. La sainteté de la liberté et toutes les preuves possibles de cette sainteté ne la procureront jamais : Laissez aux mendiants les lamentations et les pétitions.