Page:Straeten - Lohengrin, instrumentation et philosophie, 1879.djvu/35

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splendides portiques ne sont approchés que de ceux qui ont le cœur élevé, et les mains pures… Il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée, ou reproduit par quelque image irisée.

» C’est, au commencement, une large nappe dormante de mélodie, un éther vaporeux qui s’étend, pour que le tableau sacré s’y dessine à nos yeux profanes : effet exclusivement confié aux violons, divisés en huit pupitres différents, qui, après plusieurs mesures de sons harmoniques, continuent dans les plus hautes notes de leurs registres.

» Le motif est ensuite repris par les instruments à vent les plus doux ; les cors et les bassons, en s’y joignant, préparent l’entrée des trompettes et des trombones, qui répètent la mélodie pour la quatrième fois, avec un éclat éblouissant de coloris, comme si, dans cet instant unique, l’édifice saint avait brillé, à nos regards aveuglés, dans toute sa magnificence lumineuse et radiante.

» Mais le vif étincellement, amené par degrés à cette intensité de rayonnement solaire, s’éteint avec rapidité comme une lueur céleste. La transparente vapeur des nuées se referme, la vision disparaît peu à peu dans le même encens diapré, un milieu duquel elle est apparue, et le