Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/103

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Un anonyme, dans le Journal critique de Bertholdt, s’est particulièrement prononcé contre l’explication naturelle de l’Histoire sainte et pour l’explication mythique. Il reproche à l’explication naturelle, telle que le Commentaire de Paulus la montra à son plus haut développement, des défauts essentiels : c’est qu’elle procède d’une façon tout à fait anti-historique en se permettant de compléter des documents par des conjectures, et de prendre pour texte écrit ses propres hypothèses ; c’est de faire des efforts très pénibles et toujours stériles pour représenter comme naturel ce que le document prétend donner comme surnaturel ; enfin c’est de dépouiller l’histoire biblique de tout caractère sacré et divin, et de la rabaisser à une vaine lecture qui même ne mérite pas le nom d’histoire. D’après l’auteur, ces défauts conduisent, quand on ne peut pas se reposer dans l’explication surnaturelle, au point de vue mythique. Là le matériel du récit ne subit aucune atteinte, là on ne hasarde pas des arguties interprétatives sur des détails ; là on accepte l’ensemble, non pour une histoire véritable, mais pour une légende sacrée. Cette conception est recommandée par l’analogie avec toute l’antiquité politique et religieuse, puisque tant de récits de l’Ancien et du Nouveau Testament ont la ressemblance la plus exacte avec les mythes de l’antiquité profane. Mais ce qui parle surtout en sa faveur, c’est que par elle les innombrables et à jamais insolubles difficultés que soulèvent la concordance des Évangiles et la chronologie, disparaissent d’un seul coup[1].


§ IX.


L’explication mythique appliquée au Nouveau Testament.

Ainsi on avait porté l’explication mythique non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau,

  1. Des différentes considérations avec lesquelles et pour lesquelles le biographe de Jésus peut travailler, dans Bertholdt’s krit. Journal, 5. Bd., S. 235 ff.