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historique ; celui-là seul qui, avec Bretschneider[1], doute qu’il soit de cet apôtre, peut, dans cet évangile aussi, faire une large place à l’élément mythique.


§ X.


L’idée du mythe dans son application à l’Histoire sainte n’a pas été saisie
avec netteté par les théologiens.

L’idée du mythe ainsi conquise pour l’explication de l’histoire biblique ne fut pendant assez longtemps encore ni saisie avec netteté, ni embrassée dans une étendue suffisante.

Elle ne fut pas saisie avec netteté. En effet, avec la distinction en historique et en philosophique, l’idée du mythe s’était laissé imposer un caractère qui pouvait facilement le rabaisser à l’explication naturelle, à peine abandonnée. Dans le mythe historique, le critique avait aussi pour problème de tirer, hors des embellissements non historiques et merveilleux, un fait naturel, un noyau de réalité historique. Sans doute c’était admettre une différence essentielle, que de déduire ces embellissements, non, comme dans l’explication naturelle, du jugement des acteurs et des narrateurs, mais de la tradition ; cependant le procédé n’était que peu modifié. Si le rationalisme, sans changer essentiellement sa méthode, pouvait signaler des mythes historiques dans la Bible, de son côté le supranaturaliste trouvait l’adoption de mythes historiques, par lesquels, du moins, la réalité historique des saints récits n’était pas complètement effacée, moins choquante que la supposition de mythes philosophiques, où toute trace historique semble disparaître. Il ne faut donc pas s’étonner que les interprètes, dans les cas où ils adoptèrent le point de vue mythique, n’aient parlé presque uniquement que de mythes historiques ; que Bauer,

  1. In den Probabilien.