Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/175

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sur Hérode, garde, avec les autres documents historiques, le silence sur le massacre de Bethléem ; et que la visite des Mages, avec la fuite en Égypte, selon un des évangiles, et la présentation de l’enfant dans le Temple, selon un autre évangile, s’excluent réciproquement. Quand, de cette façon, tous les critériums du mythique concourent, le résultat est certain ; et, dans tous les cas, il l’est d’autant plus que l’on découvre des critériums plus nombreux et plus caractéristiques.

En second lieu, un récit pris en soi n’aurait peut-être que peu ou point de marque du mythe ; mais il fait corps avec d’autres récits, ou il est raconté par le même auteur comme d’autres récits qui, par des caractères irréfragables, appartiennent au domaine du mythe ou de la légende, et jettent, par conséquent, un reflet suspect sur le premier récit. Toute narration, quelque merveilleuse qu’elle soit, présente des circonstances naturelles qui, en soi, pourraient être historiques, mais qui, par leur réunion avec le reste, deviennent également douteuses.

Toucher ce point, c’est empiéter, en quelque sorte, sur la question qui se pose ici en dernier lieu, à savoir, si le caractère mythique s’arrête aux traits particuliers dans lesquels il est empreint, ou s’il s’étend aussi au reste du récit, et si la contradiction de deux récits marque les deux ou seulement un seul d’un cachet non historique. C’est là la question de la limite entre le mythique et l’historique ; question la plus difficile qui se présente sur tout le terrain de la critique[1].

D’abord, quand deux récits s’excluent, ce fait prouve seulement que l’un des deux n’est pas historique ; car, pour que l’un trouve place, il faut que l’autre soit écarté. Ainsi, relativement à la résidence primitive des parents de Jésus, on n’a pas tort d’écarter Matthieu, qui désigne évidemment

  1. Comparez ici Tholuck : Sur le rapport qui existe entre les différences dans le détail et la vérité dans l’ensemble (Glaubwürdigkeit, S. 457).