Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/188

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

possibilité de l’existence des anges ; cependant toute cette conception est telle, qu’elle ne pourrait plus naître de notre temps ; elle appartient exclusivement à l’idée que l’antiquité se faisait du monde. On peut penser que la croyance aux anges a une double source, l’une dans le désir, naturel à notre esprit, de supposer dans le monde plus de substance spirituelle qu’il n’y en a d’incorporée dans l’espèce humaine ; or, ce désir, dit Schleiermacher, pour nous qui vivons maintenant, est satisfait quand nous nous représentons que d’autres globes célestes sont peuplés semblablement au nôtre ; et par là se trouve tarie la première source de la croyance aux anges. La seconde source est dans l’idée qu’on se fait de Dieu comme d’un monarque entouré de sa cour ; cette idée n’est plus la nôtre. Nous savons maintenant expliquer par des causes naturelles les changements dans le monde et dans l’humanité, que jadis on s’imaginait être l’œuvre de Dieu même agissant par le ministère des anges. Ainsi la croyance aux anges n’a pas un seul point par où elle puisse se fixer véritablement dans le sol des idées modernes, et elle n’existe plus que comme une tradition morte. Le résultat ne change pas, même si, avec un des plus récents auteurs sur la doctrine des anges, nous attribuons cette opinion au besoin qu’a l’homme de distinguer les deux côtés de sa nature morale et de se les représenter sous la figure d’êtres placés hors de lui, d’anges et de démons ; car, même ainsi, l’origine des deux conceptions reste purement subjective, et les anges ne sont pas autre chose qu’un idéal de la perfection dans la créature ; idéal qui, conçu à un degré inférieur de culture quand l’imagination créait, disparaît à un degré supérieur quand l’intelligence comprend.

Contrairement à ce résultat des connaissances modernes, résultat qui est négatif de l’existence des anges, Olshausen cherche à tirer de ces mêmes connaissances, en les prenant par leur côté spéculatif, des raisons positives pour la réalité