Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

médiat et s’appliquant au Christ, parce que le destin de l’Israël corporel était le type des destins de Jésus ; cela est d’autant moins admissible, que dans notre cas cette typologie est toute extérieure et sans signification : il n’y a de commun des deux côtés que le fait du séjour en Égypte ; les circonstances dans lesquelles le peuple d’Israël et l’enfant Jésus ont séjourné en Égypte sont complètement différentes[1].

Le retour des mages se fait attendre assez longtemps pour qu’Hérode puisse remarquer qu’ils n’ont pas l’intention de lui tenir parole ; il prononce un arrêt de mort contre tous les enfants mâles de Bethléem et des environs compris dans la catégorie de l’âge à laquelle devait appartenir l’enfant-Messie, d’après le dire des mages sur l’époque de l’apparition de l’étoile (v. 16-18). Sans doute Hérode pouvait facilement apprendre que l’enfant qui avait reçu de si riches présents n’était plus à Bethléem ; mais, si une rage aussi aveugle n’est pas aussi incompatible avec le caractère de ce vieux prince que Schleiermacher le pensait, on devrait du moins s’attendre à trouver dans d’autres écrivains quelque mention d’un massacre aussi horrible[2] : or, ni Josèphe, qui donne beaucoup de détails sur Hérode, ni les rabbins, qui le poursuivent de leurs accusations, ne disent un seul mot de cet ordre. Ces derniers rattachent également le voyage de Jésus en Égypte à une scène de carnage qui a pour auteur, non Hérode, mais le roi Jannée, et qui atteint, non des enfants, mais des rabbins[3]. Il y a là, au fond, une confusion entre l’événement connu par l’histoire chrétienne et un événement plus ancien, car Alexandre Jannée était mort quarante ans avant la naissance de Jésus-Christ. Macrobe,

  1. C’est ce que Steudel dans : Bengel’s Archiv., 7, 2, 423 f., 8, 3, 487, fait voir contre Olshausen. (Comparez Hoffmann, S. 262 f.)
  2. Voyez Schmidt, l. c., S. 156.
  3. Babylon. Sanhedr. f. 107, 2, dans Lightfoot, p. 207. (Comparez Schœttgen, 2, p. 535.) D’après Josèphe, Antiq. 13, 13, 5, 14, 2, c’étaient des Juifs de tout âge et de tout sexe, et particulièrement des Pharisiens.