Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/340

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donné la confiance illimitée dans la véracité de l’évangéliste et admis une partie non historique dans le récit qu’il nous a transmis. Maintenant, si l’on se demande jusqu’où s’étend cette portion non historique, de quelle espèce elle est, et si elle s’est produite sur un fond historique ou sur de simples idées, il est aisé de voir que le peu d’histoire mal précisée qu’une critique moins indulgente que celle de Neander peut laisser subsister, est bien moins propre à la création du récit évangélique que le cycle très précis d’idées et de types qui va être développé dans le chapitre suivant.


§ XXXVI.


Explication purement mythique du récit concernant les mages,
et de ce qui en dépend.

Plusieurs Pères de l’Église ont indiqué naïvement la vraie clef du récit concernant les mages et leur étoile, quand, pour expliquer d’où ces astrologues païens avaient pu tirer la connaissance d’une étoile du Messie, ils ont émis la conjecture que c’était sans doute dans les prophéties du prophète païen Balaam, dont on trouve, en effet, dans Moïse la prédiction sur l’étoile sortant de Jacob[1]. C’est donc avec raison que K. Ch. L. Schmidt a reproché à l’explication de Paulus de ne tenir aucun compte de cette étoile, laquelle, d’après l’attente des Juifs, devait se montrer au moment de l’apparition du Messie ; et cependant, ajoute-t-il, là est le seul moyen de donner une explication de ce récit évangélique[2]. En effet, la prédiction de Balaam sur une étoile qui devait sortir de Jacob, 4 Mos., 24, 17, n’a pas été cause, comme le crurent les Pères de l’Église, que réellement des mages aient reconnu une étoile pour celle du Messie et se soient rendus, en conséquence, à Jérusalem, mais elle a été

  1. Orig. c. Cels. 1, 60 ; Auctor op. imperf. in Matth. dans Fabric. Cod. Pseudepigr. V. T. p. 807 seq.
  2. Schmidt’s Bibliothek, 3, 1, S. 130.