Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/358

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Siméon, et le rôle que la prophétesse Anne y joua. On n’a pas même besoin de supposer avec l’auteur de l’Histoire naturelle du grand prophète[1] que Siméon connaissait d’avance l’espérance qu’avait Marie d’enfanter le Messie ; il faut seulement, avec Paulus et d’autres, se représenter la chose ainsi qu’il suit : Animé, comme beaucoup de personnes de ce temps, par l’attente de l’arrivée prochaine du Messie, Siméon acquiert, probablement en songe, la certitude qu’il le verra avant de fermer les yeux. Un jour donc il ne put résister au désir de visiter le Temple, et ce jour-là même Marie y présentait son enfant, dont la beauté attira tout d’abord Siméon. Lorsqu’elle lui eut découvert pleinement la descendance davidique de cet enfant, l’attention et l’intérêt de Siméon s’éveillèrent à un tel point que Marie n’hésita pas à lui révéler les espérances qui reposaient sur ce rejeton de l’ancienne maison royale, et les événements extraordinaires qui les avaient fait naître. Ces espérances, Siméon les embrasse avec confiance, et il exprime dans un langage inspiré son attente et ses craintes, qui, il en a la conviction, s’accompliront en cet enfant. Pour Anne, il est encore moins nécessaire d’admettre, avec l’auteur de l’Histoire naturelle du grand prophète, qu’ayant été une des femmes présentes à la délivrance de Marie, elle avait eu dès lors connaissance des espérances qui reposaient sur cet enfant. Elle venait d’entendre le discours de Siméon, et, étant animée des mêmes sentiments que lui, elle accorda son approbation à son langage.

Quelque simple que paraisse cette explication naturelle, elle n’est cependant pas moins forcée dans ce cas que nous ne l’avons trouvée dans d’autres ; car, non seulement l’évangéliste ne dit nulle part que les parents de Jésus eussent

  1. 1. Thl., S. 205 ff. Hoffmann aussi (S. 276 f.) prétend qu’on ne peut expliquer les discours des deux vieillards qu’en supposant qu’ils connaissaient l’histoire de l’enfance.