Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fuite en Égypte, de telle sorte que, sans cela, il n’y a plus aucun motif de changer de résidence ultérieurement ; et nous passerons pour ceci du côté de Luc, qui fait résider les parents de Jésus dans le même lieu, après comme avant la naissance de l’enfant. Mais, d’un autre côté, l’assertion de Luc, qui dit que Jésus naquit en un lieu autre que celui où résidaient ses parents, tient à une donnée aussi peu historique, c’est-à-dire au recensement, donnée sans laquelle il ne reste plus aux parents de Jésus aucun motif d’entreprendre un aussi long voyage à l’approche des couches de Marie ; nous inclinerons donc en ceci du côté de Matthieu, car il place la naissance de Jésus, non dans un lieu étranger, mais dans le domicile même de ses parents. Cependant, jusqu’à présent, nous n’avons obtenu qu’une conclusion négative, c’est que les assertions des évangélistes sont sans garantie lorsqu’ils prétendent que les parents de Jésus ont habité d’abord un lieu différent de celui où ils demeurèrent plus tard, et que Jésus est né ailleurs que dans le domicile habituel de ses parents. Cherchons maintenant une conclusion positive, et examinons quel a été réellement le lieu de sa naissance.

À cet égard, nous sommes tirés dans des directions opposées. En effet, le lieu de la naissance de Jésus, lieu où, d’après le résultat de notre examen, nous n’avons aucune raison de supposer que ses parents n’habitaient pas, est, dans les deux évangiles, Bethléem ; et, d’autre part, le lieu de sa résidence postérieure, qu’une assertion sans garantie nous empêche seule, d’après les mêmes résultats, de considérer comme son domicile primitif, et par conséquent comme son lieu de naissance, est, dans les deux évangiles également, Nazareth. La contradiction est insoluble si les deux directions nous attirent avec autant de force l’une que l’autre ; mais elle se résout dès qu’une des cordes casse et nous laisse suivre, sans obstacle, l’autre direction. Considérons