Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/385

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fance il avait eu une révélation divine et le don de la prophétie (1 Sam., 3). Quant à Moïse, sur l’enfance duquel se tait l’Ancien Testament, la tradition postérieure, que suivent Josèphe et Philon, savait raconter des témoignages frappants de son développement précoce. Si dans le récit évangélique l’enfant Jésus montre une intelligence au-dessus de son âge, Josèphe, d’après la légende, en rapporte autant de Moïse[1]. Si Jésus s’écarte du vain tumulte de la ville mise en mouvement par la fête, et s’il trouve dans le Temple, auprès des docteurs, l’entretien qui lui convient le mieux, de même l’enfant Moïse était attiré, non par les jeux de l’enfance, mais seulement par des occupations sérieuses, et de bonne heure il fallut lui donner des maîtres auxquels il se montra bientôt supérieur, comme Jésus âgé de douze ans[2].

D’après la constitution spéciale des hommes dans l’Orient et d’après la coutume juive, la douzième année formait un point du développement auquel on aimait à rattacher des manifestations particulières du génie qui s’éveille. Dès cet âge en effet, comme chez nous dès l’âge de quatorze ans environ, le jeune garçon était considéré comme sorti de la période de l’enfance[3]. En conséquence, la tradition admit, au sujet de Moïse, qu’à l’âge de douze ans il avait quitté la maison paternelle pour devenir un organe indépendant des révélations divines[4]. Samuel, pour lequel l’Ancien Tes-

  1. Josèphe, Antiq., 2, 9, 6 : Il avait une intelligence au-dessus de son âge : Σύνεσις δὲ οὐ κατὰ τὴν ἡλικίαν ἐφύετο αὐτῷ, κ. τ. λ.
  2. Philo, De vita Mos., Opp. ed. Mangey, vol. 2, p. 86 seq. : Il ne se complaisait pas comme un autre enfant aux jeux, aux ris et aux bouffonneries ; mais, faisant preuve de pudeur et de gravité, il s’appliquait à écouter et à voir ce qui devait être utile à son âme. Des maîtres de différents lieux vinrent auprès de lui ; mais en peu de temps il surpassa leur science, devançant l’enseignement par le fait de son heureuse nature : Οὐχ οἷα κομιδῆ νήπιος ἥδετο τωθασμοῖς καὶ γέλωσι καὶ παιδιαῖς… ἀλλ’ αἰδῶ καὶ σεμνότητα παραφαίνων, ἀκούσμασι καὶ θεάμασιν, ἅ τὴν ψυχὴν ἔμελλεν ὠφελήσειν, προσεῖχε. Διδάσκαλοι δ’ εὐθὺς, ἀλλαχόθεν ἄλλος, παρῆσαν… ὧν ἐν οὐ μακρῷ χρόνῳ τὰς δυνάμεις ὑπερέϐαλεν, εὐμοιρίᾳ φύσεως φθάνων τὰς ὑφηγήσεις.
  3. Chagiga, dans Wetstein, sur ce passage : A xii anno filius censetur maturus. De même Joma f. 82, 1. Berachoth f. 24, 1 ; au contraire Bereschith Rabba, 63 (dans Wetstein) indique la treizième année comme l’année décisive.
  4. Schemoth R. dans Wetstein :