Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/413

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pendant lequel Jean-Baptiste aurait exercé son ministère avant le début de Jésus et sans être éclipsé par lui, et d’un autre côté, cependant, nos évangiles auraient raison, en paraissant placer si près l’un de l’autre le début de Jean-Baptiste et le baptême de Jésus. Mais la supposition d’un pareil intervalle entre le baptême de Jésus et le commencement de son rôle public est absolument étrangère aux écrivains du Nouveau Testament ; car, ainsi qu’il résulte de la descente de l’Esprit et de la voix céleste, ils regardent le baptême de Jésus comme sa consécration à la vocation messianique ; le seul intervalle qu’ils admettent encore après le baptême est le jeûne de six semaines dans le désert ; mais, après ce jeûne, Jésus commença à prêcher en Galilée, d’après Luc (4, 14) immédiatement, d’après Matthieu et Marc après l’arrestation de Jean-Baptiste, faite, au reste, probablement dans l’intervalle. Luc, 3, 23, désigne, d’après l’explication la plus vraisemblable, le baptême de Jésus comme un commencement, ἄρχεσθαι, comme son entrée en fonction ; et (Act. Ap., 1, 22) il met Jésus, depuis le baptême donné par Jean, βάπτισμα Ἰωάννου, en relations constantes avec des disciples. Évidemment donc il s’est représenté le baptême de Jésus par Jean et le commencement de son rôle public comme un seul et même acte, et il n’a supposé, entre l’un et l’autre, aucun intervalle, excepté les six semaines de jeûne.

La narration des évangiles s’oppose décidément à admettre, ou que Jésus est allé plus tard se faire baptiser ou qu’il a encore retardé, pendant quelque temps après son baptême, le commencement de son ministère public, hypothèses auxquelles nous devons être enclins, afin de gagner du temps pour la prédication influente de Jean-Baptiste. Mais, d’un autre côté, on comprend facilement comment les écrivains du Nouveau Testament ont pu, même sans renseignements historiques, être conduits à représenter ainsi les choses. Une