Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/417

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Luc, l’apparence qui laissait croire que, d’après cet évangile, Jean quitta le désert après l’audition de l’appel, disparaît ; car, lorsque Jean-Baptiste envoie ses disciples auprès de Jésus, celui-ci, suivant Luc, leur demande : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? τί ἐξεληλύθατε εἰς τὴν ἔρημον θεάσασθαι ; (7, 24). Or, la vallée du Jourdain, dans le voisinage de la mer Morte, où il faut placer l’exercice des fonctions de Jean-Baptiste, était réellement, à part une lisière étroite, une plaine aride[1]. Par conséquent, il ne resterait plus peut-être qu’une erreur propre à Matthieu, qui désigne cette plaine aride comme le désert de Judée, ἔρημος τῆς Ἰουδαίας ; à moins qu’on ne veuille admettre que Jean, en passant de la prédication de pénitence au baptême, quitta le désert de Judée pour les bords du Jourdain[2], ou que la plage aride attenant aux rives du Jourdain, étant une continuation du désert de Judée, avait été appelée du même nom[3].

Le baptême de Jean ne peut guère être regardé comme dérivant du baptême juif des prosélytes, baptême qui, sans doute, est postérieur aux commencements du christianisme[4]. Il a plutôt de l’analogie avec les lustrations religieuses telles qu’elles existaient aussi parmi les Juifs, et surtout parmi les Esséniens. Il était principalement fondé, ce semble, sur les expressions figurées de plusieurs prophètes qui, dans la suite, furent prises au propre. D’après ces expressions. Dieu exige du peuple d’Israël, s’il veut rentrer en grâce, un bain et des ablutions qui enlèvent ses souillures, et il promet même de le purifier par l’eau (Is., 1, 16 ; Ézech., 36, 25 ; comparez Jérém., 2, 22). Ajoutons l’opinion qu’avaient les Juifs que le Messie et son

  1. Voyez, outre le passage cité de Josèphe, Winer, Bibl. Realwörterbuch, 1. S. 708.
  2. Winer, l. c. S. 691 ; Neander, L. J. Chr., S. 52.
  3. Paulus, l. c., S. 301.
  4. Voyez l’écrit de Schneckenburger : über das Alter der jüdischen Proselytentaufe.