Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Germanie se soumirent à i’instruction de l’Église ; alors le monde, durant les longs siècles du moyen âge, vécut satisfait du christianisme tant pour la forme que pour le fond ; et toute trace disparut de ces conceptions interprétatives qui supposent une rupture entre la civilisation du peuple et du monde, et la religion. La Réforme porta le premier coup à la prospérité de la croyance de l’Église ; elle fut le premier signe d’existence d’une culture qui, comme cela s’était vu jadis dans le paganisme et le judaïsme, avait désormais pris, au sein même du christianisme, assez de force et de consistance pour réagir contre le sol qui l’avait portée, c’est-à-dire contre la religion reçue. Cette réaction, tournée d’abord seulement contre l’Église dominante, forma le drame noble mais rapidement terminé de la Réforme : plus tard elle se dirigea vers les documents bibliques, et, se manifestant au début par les arides tentatives révolutionnaires du déisme, elle est arrivée jusqu’aux temps les plus modernes par des transformations variées.

Les déistes et naturalistes anglais du xviie et du xviiie siècle, qui renouvelèrent, dans le sein de l’Église, la polémique des anciens adversaires païens du chrstianisme, s’attachèrent indistinctement à combattre l’authenticité et la créance de la Bible, et à rabaisser au niveau vulgaire les faits qui y sont racontés. Tandis que Toland[1], Bolingbroke[2] et d’autres déclaraient la Bible un recueil de livres apocryphes et remplis de fables, d’autres s’efforçaient de dépouiller les personnages et les récits bibliques de tout reflet d’une lumière supérieure et divine. Ainsi, d’après Morgan[3], la loi de Moïse est un misérable système de superstition, d’aveuglement et de servilité ; les prêtres juifs

  1. Dans son Amyntor de l’année 1698. Voyez dans Leland, Esquisse des écrits des deistes, traduit en allemand par Schmidt, 1. Th, S. 83 ff.
  2. Dans Leland, 2. Th., 1. Abth., S. 108 ff.
  3. Dans son écrit : The moral philosopher, 1737. Voyez Leland, 1. Th., S. 247 ff.