Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/79

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sont des imposteurs, les prophètes sont les auteurs de la désolation et des guerres intestines des deux royaumes de Juda et d’Israël. Il est impossible, suivant Chubb[1], que la religion juive soit une religion révélée de Dieu ; le caractère moral de la divinité y est défiguré par les usages arbitraires dont la prescription lui est attribuée, par sa partialité prétendue pour la nation juive, et surtout par l’ordre sanguinaire d’exterminer les peuplades cananéennes. Le Nouveau Testament ne fut pas, non plus, à l’abri des escarmouches de ces déistes ; on jeta sur les apôtres le soupçon de l’égoïsme et de l’avidité[2] ; on n’épargna pas même le caractère de Jésus[3], et l’on nia nommément sa résurrection[4]. Les miracles qui, dans la vie de Jésus, constituent la partie la plus immédiate de l’influence divine sur les choses humaines furent l’objet particulier des attaques de Thomas Woolston[5]. Cet écrivain est remarquable aussi par la position particulière qu’il se donne entre l’ancienne explication allégorique de l’Écriture et la moderne des naturalistes. Tout son raisonnement, en effet, se meut dans l’alternative suivante : Si l’on veut conserver les récits des miracles comme une histoire véritable, ils perdent tout caractère divin, et descendent au rang de tours absurdes, de farces misérables ou de tromperies vulgaires ; si donc on ne veut pas effacer l’empreinte divine dans ces récits, il faut en sacrifier le caractère historique, et ne les considérer que comme la représentation, sous forme d’événements réels, de certaines vérités spirituelles ; et aussitôt à l’appui de cette manière de voir, Woolston invoque l’autorité des plus grands allégoristes parmi les Pères de l’Église, Origène, Augustin et

  1. Posthumous Works, 2 vol. 1748, dans Leland, 1, S. 412 f.
  2. Chubb, Posthumous Works, 1, p. 102 ; dans Leland, 1, S. 481.
  3. Chubb, Posth. Works, 2, p. 269 ; dans Leland, 1, S. 425.
  4. The resurrection of Jesus considered… by a moral philosopher, 1744. Leland, 1, S. 330.
  5. Six Discourses on the miracles of our Saviour. Ils ont été publiés séparément de 1727 à 1729 avec deux écrits apologétiques des années 1729 et 1730.