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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/185

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Adrien Mithouard ou Louis Le Cardonnel. Il se plaisait à honorer particulièrement un adversaire qui lui ressemblait par sa belle culture, sa souriante bravoure et son insoupçonnable probité : j’ai nommé Charles Maurras. Qu’on rende donc à Pierre Quillard la justice qu’il rendait si volontiers aux autres, et oublions, pour le moment, nos dissensions pour ne retenir que les nobles motifs qui régissent la conduite des hommes supérieurs.

Pierre Quillard naquit à Paris le 14 Juillet 1864. C’est au lycée Condorcet que se rencontrèrent, par un singulier hasard, les futurs poètes Éphraïm Mikhaël, René Ghil, André Fontainas, Georges Vanor, Rodolphe Darzens, Pierre Quillard et le signataire de ces lignes. Dans une classe inférieure, Tristan Bernard, plus jeune, suivait avec intérêt nos essais littéraires, car nous commencions déjà à écrire. Mais n’anticipons pas.

De nous tous, Éphraim Mikhaël, à l’heure incertaine de l’adolescence, fut le plus précoce. Il atteignit, de bonne heure, à la perfection poétique, comme s’il pressentait qu’il devait plus rapidement que nous accomplir sa destinée. Quoique, par courtoisie, il consentît à la parade de la gaîté, il était hanté dans la solitude par cette nostalgie de l’au-delà si caractéristique de ceux qui