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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/199

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Certes ce danger est réel, mais M. Albert Mockel a su y échapper.

Car il est avant tout poète. Il occupe dans le symbolisme une place à part aussi éloignée de l’extrême intellectualité de Mallarmé que du sentimentalisme naïf de Verlaine. M. Albert Mockel aime à transcrire dans l’irréel ses émotions, ou, pour m’exprimer plus clairement, à hausser jusqu’à l’universel les cas particuliers de sa sensibilité. Quant à la nature spéciale de sa poésie, il m’est assez difficile de la définir sinon par analogie. N’oublions pas que M. Albert Mockel est Wallon. Or, pour qui connaît, même superficiellement, la Wallonie, toute sa poésie s’éclaire d’une signification de race et de terroir, comme celle de ses compatriotes Fernand Séverin, Paul Gérardy et Isi Collin. La Wallonie de la vallée de la Meuse est toute en nuances claires et transparentes. Le ciel en est léger et riant, comme les eaux sont vives et limpides. Les petites villes aux toits d’ardoise violacée y égrènent au bord du fleuve nourricier les notes argentines de leurs clochers. Ici et là un château se dresse sur un roc abrupt au pied duquel des tourbillons bouillonnent. C’est d’abord Dinant, Namur aux citadelles sourcilleuses, puis Liège, et sur ses quais la double rangée de ses maisons dont les façades modulent une chanson discrète et ensoleillée de blancs, de jaunes, de