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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/200

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bleus, de verts, de roses et de gris. C’est dans ce pays-là qu’on doit le mieux comprendre le conseil de Verlaine :

Car nous voulons la nuance encore,
Pas la couleur, rien que la nuance.

Et précisément la poésie d’Albert Mockel est toute en nuances imprécises et indéfinissables. La pensée, les images et les assonances y concordent pour donner l’impression d’un tremblement de soleil dans les sous-bois d’une magique forêt, ou d’un glissement de rayon de lune sur la surface froide d’un étang. Notez-y l’emploi, souvent voulu, parfois fortuit des i et des u. Cela donne au vers je ne sais quelle couleur et quelle lumière spéciale. J’oserais presque dire, si je ne me méfiais de l’imprécision de pareilles métaphores, que M. Albert Mockel a trouvé le secret du pointillisme verbal.

Je n’ai toutefois pas l’intention de parler ici à fond de sa poésie. Sa dernière œuvre en prose, les Contes pour les Enfants d’Hier, requiert plutôt mon attention.

C’est une série de contes de pure imagination, se passant où vous voudrez en n’importe quel temps parmi des personnages du pays de la Fable. Pourtant ils sont plus vrais que s’ils se développaient parmi des gens de nos jours et de