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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/210

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Il y connut le secret des fleurs, l’intimité des nids et le mystère des eaux. Et tout cela qui coule, qui jase et qui parfume, corolles, ailes et écumes, se perpétua, symphonie de tous les sens, dans l’âme extasiée du jeune poète. De lui, Carové eût pu écrire cette phrase de son poème panthéiste, l’Histoire sans Fin : « L’enfant pensa qu’il lui serait doux de prendre racine en ce lieu, de vivre toujours parmi la petite nation des plantes et des fleurs, et d’entrer en partage de tous leurs ravissements. »

À Paris, où l’exilèrent les soucis de l’existence, Henri Degron garda le fidèle souvenir des champs, des bois et des oiseaux. Cet enfant perdu de la chimérique forêt des Ardennes se permit cependant d’explorer le royaume de Bohême. Il fit la connaissance des poètes de sa génération en une fête fameuse donnée en l’honneur de cinq chatons, nés en sa chambre d’étudiant, et qu’on baptisa de champagne et d’eau de la fontaine de Castalie. S’il se livrait parfois aux jeux tumultueux de son âge, Henri Degron ne cessait pas de travailler. Trop timide, il n’osa d’abord livrer à notre curiosité ses premiers essais ; mais dès que notre amitié lui eût donné conscience de son mérite, il