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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/212

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tourbillon d’eau, d’une hirondelle saisie dans l’instant de sa suprême célérité. L’exécution de l’œuvre semble facile, mais que d’études préliminaires sont nécessaires pour en assurer l’exactitude !

Ce n’est pas au hasard que je demande, désireux de définir une âme, l’exemple des artistes japonais. Henri Degron est né à Yokohama, d’où il semble avoir rapporté comme mystérieux héritage je ne sais quelle instinctive sûreté de goût qui l’attire vers la jolie impeccabilité des peintres français du xviiie siècle, comparables, en leur spontanéité rusée, à plus d’un artiste de l’île lointaine des mers orientales.

Issu de deux races raffinées et sentimentales, il est à la fois simple et complexe ; ni trop complexe pour ne pas se livrer, quand il est inspiré, à son émotion, ni trop simple pour ne pas en prendre conscience à l’heure de l’exécution. Un art fort nuancé et fort subtil, mis en œuvre par une émotion toute naturelle : voilà, je crois, la formule qui définit le mieux les deux livres jusqu’ici paru d’Henri Degron, Corbeille Ancienne et ces Poèmes de Chevreuse que j’ai le très et trop grand honneur de présenter au public.