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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/241

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de l’affiche, ses livres mis au pilon, et ses amis feignirent ne l’avoir jamais connu. Il n’était même plus Oscar Wilde : il était le détenu C. 3. 3. C’est de ce chiffre qu’il signa l’édition anglaise de la Ballade de la Geôle de Reading.

Il n’avait cependant pas assez souffert. Il devait encore être puni dans la personne des siens. C’est à Reading qu’il apprit la mort de sa mère ; après sa libération, il perdit sa femme ; enfin récemment, son frère lui fut enlevé. Il ne reste, je crois, de son nom que ses deux fils qu’il n’osait voir que clandestinement, à Genève.

Oscar Wilde résista à tous ces désastres. Il avait défié la destinée, il avait fait le sacrifice du moindre espoir, et très noblement, sans forfanterie, il affronta la Vie en souhaitant la Mort. La mort même lui fut cruelle, et ne le prit qu’après s’être fait longtemps attendre. Il a enfin la paix. Devant son cadavre, je demande aux plaisantins et aux hypocrites de désarmer. Cet homme a rempli la mesure de l’expiation.

Nous sommes à une époque où l’on parle beaucoup de charité et où on la pratique peu. Nous vivons de conventions au lieu de juger sainement chaque acte en ses causes et par ses conséquences. En matière sexuelle, nous sommes particulièrement injustes et nous qualifions bien légèrement de vice punissable ce qui n’est souvent