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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/260

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seur projette dans le ruisseau. Un cheval de fiacre, les oreilles prises dans une résille à pompons, bat la mesure de sa bonne grosse tête.

Et quand je pense à Genève où je traînais, cet été-là, ma faiblesse et ma tristesse, je revois encore ce cheval sur le quai désert, ce chien haleta nt de soif, l’ombre violette des marronniers, ce vieillard dont le chef branlait et la pâle petite fille au violon rouge.

VENISE

I

Chaque ville a sa voix. Celle de Venise est la plus amoureuse du monde. Elle est faite de l’obscur clapotis de l’eau contre ses marches de marbre, du roucoulement pâmé de ses tourterelles dans les mille niches de Saint-Marc, du tintement tenu des mandolines que bercent dès la minuit les gondoles à multicolores girandoles. De l’eau, des ailes et des chansons !

II

Du fond de la lagune, à l’heure de l’agonie du soleil, on prendrait les dômes de Venise pour d’énormes bulles que l’on s’attend à voir, au son