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Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/283

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littéralement envie de pleurer qu’ai-je donc à être dans un tel état ?

Je t’embrasse, ma petite chérie. J’essaierai de combattre ma tristesse, mais ce sera difficile.

IX

J’ai eu jadis une histoire avec une vieille folle à Paris. Elle n’admettait pas que je rentrasse après dix heures du soir. Or je rentrais plus souvent à deux ou trois heures du matin, en faisant d’ailleurs très peu de bruit. La vieille imagina alors de donner des coups terribles dans son plafond juste sous mon lit, dès six heures du matin. Tu vois d’ici ce réveil en sursaut.

Je me plaignis, je ripostai aux coups de balai par des coups de canne. Rien n’y fit. Au bout d’une semaine de cette comédie, je reçus une lettre presque insolente du mari de la folle, un commis voyageur. Je fis répondre que j’allais porter plainte à la police pour le tapage et que quant au mari, je le mettrais en bas de l’escalier si jamais je l’y rencontrais.

Le tapage cessa ce jour-là, mais la vieille ne s’avouait pas vaincue et voici qui devient délicieusement comique.

Malgré une avarice sordide, elle acheta un énorme phonographe et le fit jouer des airs de cava-