Page:Suarès - Debussy, 1922.djvu/22

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l’arbre roi de toute une forêt ; il n’est pas unique en son essence ; il a des voisins et des proches, comme il a des racines : un peuple et des siècles l’ont fait : il représente toute une culture. J’y consens, tant qu’on voudra ; mais enfin il dépasse de loin toute école et la fatalité banale du talent. Il a cette vertu que rien n’annonce et que le moment implique sans la déterminer : vertu qui change tout à ce qui est, après qu’elle s’est produite, sans qu’on pût prévoir d’abord qu’elle dût se produire.

Voilà pourtant le merveilleux musicien, où tant de gens ne reconnaissent encore qu’un assembleur de sons insolites et de consonances rares, qu’ils appellent dissonantes pour mieux prouver qu’ils ne les entendent point. Ils savent si peu la musique, d’ailleurs, qu’ils ne comprennent